Bien’ici Pro / Actus Pro / Immobilier : le Royaume-Uni à la loupe
Pour le premier volet de cette saga internationale, traversons ensemble la Manche, direction le Royaume-Uni.
L’Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord n’ont pas exactement les mêmes us et coutumes en matière d’immobilier. Ces quatre pays ont toutefois un socle commun et quelques pratiques qui diffèrent foncièrement de ce que nous connaissons et pratiquons au quotidien dans l’Hexagone.
Une des spécificités majeures au Royaume-Uni est le "leasehold", c’est-à-dire une propriété à bail emphytéotique. Concrètement, dans la plupart des grandes villes du Royaume-Uni (à l’exception de l’Écosse), une personne qui achète un appartement contracte un "leasehold" qui lui donne un droit de pleine propriété mais seulement pour une période précise, allant généralement de 50 à 99 ans. Pendant toute la durée du bail, l'occupant peut revendre, hypothéquer ou louer son bien. Mais, en contrepartie, il doit s'acquitter d'une rente auprès du bailleur (le "freeholder") qui détient, lui, la propriété perpétuelle du foncier.
À l’issue du bail (qu’il est néanmoins possible de reconduire), l’occupant doit quitter l'appartement. À noter que ce système ne concerne pas les maisons individuelles mais uniquement les appartements. Aujourd’hui, en raison de cette pratique qui remonte à l’époque féodale, on estime que le Royaume-Uni est le pays européen où la propriété du patrimoine foncier est la plus concentrée : la moitié de l'Angleterre serait ainsi détenue par moins de 1 % de la population.
Autre spécificité au Royaume-Uni : la "Stamp Duty Land Tax". Ce "droit de timbre" est un impôt indirect du gouvernement, qui est prélevé sur toutes les transactions immobilières. Il revient à l’acquéreur de s’acquitter de cette taxe qui existe dans les 4 pays du Royaume-Uni. Appelée "Stamps Duty Land Tax" en Angleterre et en Irlande du Nord, elle est connue sous l’appellation "Land and Buildings Transaction Tax" en Écosse et "Land Transaction Tax" au Pays de Galles.
Elle se calcule en fonction du prix d’achat de la maison ou de l’appartement et atteint, pour un bien d’une valeur de plus de 1,5 millions de livres sterling, 12 % de la somme globale. Par ailleurs, si le bien est voué à être loué ou à devenir une résidence secondaire, une taxe additionnelle de 3 % est réclamée à l’acquéreur. Ce dispositif est régulièrement pointé du doigt par les primo-accédants et les acquéreurs à petit budget. L’Angleterre et l’Irlande du Nord ont donc décidé, à partir du 1er juillet 2021, d’accorder une remise temporaire aux primo-accédants ou pour tout achat d’un bien de moins de 500 000 £.
Entre mars 2020 et mars 2021, le prix moyen des biens immobiliers a progressé de 10,2%, selon le Bureau national des statistiques du Royaume-Uni. Il s'agit de la plus forte croissance depuis août 2007.
Mais, comme en France, la crise sanitaire a entraîné une augmentation hétérogène des prix. Ainsi, les prix des maisons individuelles ont décollé de 11,7% tandis que ceux des appartements et maisons mitoyennes progressent moins vite (+ 5%). Les grandes villes, Londres en premier lieu, ont été boudées par les acquéreurs. Résultat, dans la capitale anglaise, les prix ont augmenté de seulement 3,7% tandis que les maisons dans les villages en Angleterre et au Pays de Galles ont flambées de 14,2% d’après The Guardian. La campagne a plus que jamais le vent en poupe ! Mais le volume de transaction – et donc les prix – ont également augmenté en raison des mesures d’allègement temporaire du fameux "droit de timbre".
Comme en France, les agents immobiliers sont des intermédiaires privilégiés dans la réalisation des transactions. La majorité des biens est achetée et vendue via des "estate agents" (agents immobiliers). En Écosse, en plus des agents immobiliers traditionnels, il y a les "solicitors agents", comparable à des avocats immobiliers qui sont également en charge des transactions immobilières. Troisième acteur du marché immobilier du Royaume-Uni : les "relocation agents", des agences en charge de la location et de la gestion.
Il existe un réseau national d'agences au Royaume-Uni mais la plupart des agences immobilières sont indépendantes. Les fichiers partagés, comme l’AMEPI, sont, eux, inexistants. Au Royaume-Uni, les agents immobiliers n'ont pas d’obligation de formation ou de qualification pour exercer la profession et ne sont pas contraints, non plus, d'appartenir à une association professionnelle.
D’un point de vue commercial, une transaction immobilière comprend les mêmes étapes qu’en France. Toutefois, suite au "Property Misdescriptions Act 1991" (Loi contre la description frauduleuse de propriété de 1991), les agents sont contraints de publier des annonces qui correspondent au bien à vendre et éviter toute publicité mensongère. Avant cette date, les excès d’enthousiasme étaient monnaie courante ! Concernant les honoraires d’agences, payés par les vendeurs, ils sont généralement compris entre 0,9 et 1,3%.
Enfin, on notera au Royaume-Uni un véritable boom des sites internet immobiliers. Parmi les plateformes les plus connues, Rightmove, On the Market et Zoopla. Mais la concurrence digitale est rude et des agences immobilières 100% digitales, comme Purplebricks, proposant un forfait fixe plutôt que des honoraires d’agence variables, connaissent depuis quelques années un franc succès.
L’immobilier au Royaume-Uni n’a désormais plus de secret pour vous !
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