Bien’ici Pro / Actus Pro / Constructeurs de Maisons individuelles, êtes-vous prêts pour la RE 2020 ?
Évaluant l’empreinte carbone, de la conception des bâtiments à leur démolition, en passant par l’étape de la construction et leur utilisation, les logements de demain seront plus respectueux de la planète. Bien’ici fait le point sur ces nouvelles exigences environnementales en matière de construction et sur les difficultés engendrées par sa mise en application pour les constructeurs de maisons individuelles.
Pour cette nouvelle réglementation environnementale RE 2020, venant remplacer la RT 2012, le but n’est pas uniquement de construire des bâtiments Basse Consommation (BBC), mais surtout de les rendre autonomes en énergies et de diminuer leur empreinte sur l’environnement.
Atténuer de 30 % la consommation des bâtiments, favoriser la construction de logements utilisant des matériaux bas carbone et créer des habitations résilientes face au réchauffement climatique sont les grands objectifs du gouvernement.
Ainsi, réduire les besoins en énergie des habitations est l’un des objectifs phares de la RE 2020. Le secteur de la construction prend un tournant écologique à travers l’utilisation de matériaux "nature friendly" autant dans l’isolation thermique, que dans l’étanchéité, mais aussi dans ses modes de chauffages via la production autonome d’énergies renouvelables.
Le site ecologie.gouv.fr souligne que "le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et [...] génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français". Face aux enjeux climatiques et environnementaux actuels, l’ambition du gouvernement est de tendre vers une généralisation des bâtiments à énergie positive (Bepos) pour atteindre l’objectif du Plan Climat à 2050, qui fixe la neutralité carbone.
Les objectifs de la RE 2020 ne sont pas les mêmes que ceux de la RT 2012. Voici les grands axes :
■ La performance thermique du bâtiment sera encore plus poussée que celle de la RT 2012. L’actuelle réglementation prévoit en effet, une consommation maximum de 50 kWh/m²/an pour les modes de chauffage, d’eau chaude sanitaire, l'éclairage, la climatisation et les auxiliaires. La RE 2020 impose une consommation de chauffage ne dépassant pas les 12 kWh/m²/an et une consommation d’énergie primaire totale < 100 kWh/m²/an. De plus, l'habitation devra être capable de produire de manière autonome une énergie renouvelable couvrant à minima, les besoins énergétiques du logement. La dépense énergétique devra donc être < 0 kWh/m²/an.
■ Les matériaux utilisés dans la conception des bâtiments devront être "bas carbone". Chaque nouvelle maison devra être soit passive (énergie consommée = énergie produite), voire être positive (énergie produite > énergie consommée). De plus, le cycle de vie de l’entièreté des matériaux utilisés sera pris en compte, de leur fabrication à leur recyclage.
■ Les performances d’isolation se verront encore renforcées par rapport à la RT 2012 pour répondre aux épisodes caniculaires de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique. Les logements neufs devront ainsi être plus résistants pour garantir un confort maximal l’été.
La RE 2020, repose donc sur une amélioration des techniques de construction utilisées, avec l’utilisation de matériaux plus écologiques, et la mise en place de filières industrielles des matériaux de construction et de solutions énergétiques transformées dans le but de maîtriser les différents coûts de production, puis de garantir la montée en compétences et le savoir-faire des professionnels du secteur du bâtiment.
Comme à chaque changement de réglementation énergétique dans ce secteur, le coût de la construction augmente. De nombreux ajustements sont en effet à prendre en compte pour que les futures habitations soient mieux isolées et réduisent leur consommation d’énergie. Si les nouvelles maisons résisteront davantage aux événements climatiques et permettront de diminuer significativement le montant des factures des particuliers, le revers de la médaille reste inévitablement l'augmentation du prix total pour les constructeurs et a fortiori pour les acquéreurs.
La maison de demain sera capable de produire au minimum, autant d’énergie qu’elle en consomme, voire plus. Alors, pour réaliser ces bâtiments à énergie positive (Bepos) plus soucieuses de l’environnement, les constructeurs de maisons individuelles se voient dans l’obligation de supprimer le recours aux matériaux de construction polluants, tels que les parpaings, pour se diriger vers des ressources naturelles comme le bois, la paille, le cellulose, le liège ou encore le chanvre. Également, pour réduire l’énergie primaire consommée dans le chauffage, mais aussi pour la production d’eau chaude sanitaire, l’installation de chaudières au gaz ou au fioul, ne sera plus autorisée à partir du 1er janvier 2022.
De nouveaux équipements pourront être installés comme une pompe à chaleur, un chauffe-eau solaire, un ballon d'eau chaude thermodynamique, ou encore d’autres solutions hybrides.
Ainsi, le recours aux matériaux biosourcés et aux énergies renouvelables dans la construction des maisons individuelles, aussi bien dans la structure, que dans l’isolation thermique des bâtiments, impliquera au départ un accroissement du coût global de la construction.
Toutefois, si l’écart de prix est aujourd’hui important entre les isolants biosourcés et les matériaux plus traditionnels (10 à 15 % plus cher), il se peut qu’à l’avenir, l’accroissement de la demande et la démocratisation de ce type de produits, permettent d’en diminuer les coûts.
Certains éco-matériaux se trouvent être également, moins chers que d'autres, comme la ouate de cellulose, qui se révèle assez économique (contrairement au liège) et peuvent donc permettre de réduire le montant total de la construction en fonction des matières choisies.
Pour l’heure, si la Fédération Française du Bâtiment (FFB) est favorable à l’usage de matériaux bas carbone, elle craint tout de même un risque d’éviction des foyers les plus modestes et fait part de son inquiétude quant aux objectifs du gouvernement "compte tenu des parts de marchés actuelles et du manque de visibilité sur les capacités de production françaises".
Cependant, même si l’impact financier lors de la construction d’une maison neuve RE 2020 sera bien évidemment plus conséquent au départ, les futurs propriétaires verront le budget énergie et fonctionnement de leur future maison, réduit considérablement. Le budget alloué à la construction d’une maison RE 2020, devrait donc être compensé par un coût de fonctionnement inférieur, générant un amortissement du bien à moyen terme.