Le périurbain, nouvel eldorado ?

Selon un récent sondage réalisé par "Paris, je te quitte", entreprise spécialisée dans l’accompagnement des Parisiens qui rêvent d’ailleurs, 54 % des Franciliens veulent désormais partir "dès que possible", contre 38 % avant la pandémie. Déjà, au deuxième trimestre 2019, la grande couronne avait connu une expansion de son activité de 15 % par rapport au deuxième trimestre 2018, révèlent les Notaires du Grand Paris, et de 45 % par rapport à un trimestre moyen de ces dix dernières années. Du jamais-vu !

La hausse des prix de l’immobilier à Paris intra-muros, où la moyenne flirtait avec les 10 500 euros le m², était alors le moteur principal de cet exode. Le Covid19 est venue accentuer fortement cette tendance, notamment auprès des actifs pouvant télétravailler. Le Graal de ces candidats au départ ? Une maison avec jardin à la campagne ou tout au moins une belle terrasse ! Les données de Bien’ici indiquent que le nombre de recherches avec un espace extérieur a augmenté de 51 % depuis la fin du confinement.

Dans les semaines qui ont suivi le confinement, nous avons pu constater un glissement des recherches de la part des franciliens sur Bien’ici. Par exemple, la part de recherches achat des Hauts-Seinais sur le département des Yvelines a progressé de + 82 % en mai. On note  également une forte progression de la part de Seine-et-Marnais qui effectuent des recherches d’achat dans le Loiret. Les villes d’Auxerre, Chartres, Dreux, Amiens, Orléans, Compiègne ou encore Reims bénéficient elles aussi d’un bel engouement. Leurs points communs ? Des prix attractifs, à une heure de transport de Paris.

Les maisons en vente dans l’hypercentre d’Orléans partent à 3 000/4 000 € le m². À Reims – à 45 min depuis la Gare de l’est en TGV - des biens de 85 à 110 m² avec petit extérieur de 70 à 120 m² se vendent entre 350 000 € et 400 000 €. La palme revient à Evreux, le long des axes ferroviaires et routiers Paris-Cherbourg. Le prix moyen du m² y oscille entre 1 400 € pour les appartements et 1 700 à 2 000 € pour une maison. La ville est agréable à vivre, dispose de la fibre optique, cordon ombilical du télétravail, mais aussi de commerces, de services et d’excellents collèges et lycées.

Les métropoles de province commencent à subir elles aussi la concurrence de communes proches, plus vertes, moins chères et à taille humaine. Début juin, l’hebdomadaire Le Point comparaît les prix des 10 plus grandes villes de France et de leurs voisines. Là encore les écarts de prix moyens du m² étaient significatifs. 5 600 € à Lyon, mais 2 200 € à Givors, à moins de 30 min de voiture. Idem, à Strasbourg avec 3 900 € du m², contre 2 200 € à Hoenheim ; et 4 800 € à Bordeaux pour 3 300  à Floirac. Alors ? Le périurbain serait-il en train de devenir l’Eldorado de l’habitat ? Heureusement pour les métropoles, il n’y a pas que le prix au m² qui compte.

Dans le numéro du 11 juin 2020 de Valeurs Actuelles, Alain Bertaud, l’un des plus brillants urbanistes au monde, affirme que l’exode urbain post-coronavirus est peu probable : "L’endroit où l’on choisit de s’installer dépend de nombreux facteurs", souligne-t-il. "Si vous habitez Paris et que vous décidez de déménager à Fontainebleau ou Orléans, vous aurez certes un logement plus confortable, mais il faudra trouver un autre établissement scolaire pour vos enfants, reconstruire une vie sociale, etc".

À chacun de trouver un point d’équilibre entre les deux. À vous, agents immobiliers, d’aider vos clients à le trouver.