Bien’ici Pro / Actus Pro / Construction : le retour de la pierre
Plébiscitée pour son élégance, sa pérennité et ses qualités environnementales, la pierre séduit de plus en plus d’architectes et de promoteurs, pour des projets allant de la simple maison individuelle à des ensembles immobiliers ambitieux. Bien’ici vous propose de décrypter ce renouveau architectural.
Granit, grès ou pierre calcaire, la pierre de taille a été un matériau très utilisé en France jusqu’au début du XXème siècle. La présence d’un grand nombre de carrières dans l’Hexagone, comme par exemple dans le Bassin parisien, a fortement contribué à son emploi dans la construction. L’essor du chemin de fer a, lui, facilité son transport.
Solide et incombustible, la pierre a été choisie aussi bien pour la construction de fermes en pleine campagne que pour l’édification du Paris haussmannien. Mais après la seconde guerre mondiale, la pierre a été délaissée au profit de matériaux plus légers et plus faciles à acheminer sur les chantiers. Le béton, le parpaing et la brique ont alors connu un essor considérable dans une France à reconstruire. Jusqu’à devenir les matériaux de prédilection.
Après une dernière décennie particulièrement compliquée, le secteur de la pierre a finalement connu une embellie : en 2019, les ventes ont bondi de 10 à 30 %. Pour le Syndicat professionnel de la filière pierre (SNROC), ce rebond s’inscrit dans un contexte où l’écologie est devenue une question centrale, très médiatisée, notamment suite au Grenelle de l’environnement.
Particuliers et professionnels ont alors été sensibilisés aux méthodes de construction éco-responsables. La filière bois en a largement bénéficié. C’est désormais au tour de la pierre, même si on est encore loin de l’engouement pour la construction bois et le bardage.
Solide et pérenne, la pierre possède de grandes qualités. Sur le plan environnemental, elle contribue aux économies d’énergie grâce à sa grande inertie thermique. Mais pas seulement. Son extraction, sa transformation et sa pose nécessitent très peu de dépense d’énergie. Contrairement au béton dont la fabrication implique de nombreuses étapes et ingrédients (ciment, granulats, eau et adjuvants).
Le hic ? Son prix. La construction d’un logement neuf en pierre coûte de 10 à 15 % plus cher. Mais cet argument est rapidement balayé de la main par ses adeptes. "Les économies se font à long terme", insiste Antoine Viger-Kohler, architecte urbaniste pour l’agence TVK. Convaincu de l’intérêt de la pierre, il est le créateur de l’Ilot Fertile, un chantier de 35 000 m2 en pierre massive situé Porte d’Auberviliers.
Pour ce projet titanesque, les carrières aux alentours se sont retrouvées dans l’incapacité de fournir l’ensemble des matériaux nécessaires. L’architecte a été contraint de faire venir une partie des blocs de pierre d’Espagne. Cet approvisionnement à l’étranger a logiquement grevé le bilan carbone du projet.
Cette difficulté à se fournir en France est fréquente : aujourd’hui, entre 50 et 60 % des pierres utilisées en construction sont importées. Pour faire face à ce regain d’intérêt pour la pierre, la filière française va donc devoir s’organiser et se restructurer. À l’avenir, elle pourra ainsi contribuer pleinement à des projets architecturaux plus vertueux sur le plan environnemental.
Et vous, prêts à remettre de la pierre dans vos projets ?