Bien’ici Pro / Actus Pro / Transformer son commerce en petit entrepôt : une idée qui fait son chemin
Les acteurs de la logistique doivent donc trouver des solutions pour satisfaire les besoins de leurs clients. L’une d’entre elles est l'installation d'entrepôts au sein des centres-villes, où le foncier est rare et cher. On constate aujourd’hui une tendance nouvelle : la transformation de commerces ayant mis la clé sous la porte lors de la crise sanitaire, en petits entrepôts. Mais, peut-on transformer un commerce en entrepôt ? Quels sont les avantages pour les municipalités et les riverains ? Bien’ici vous présente les tenants et les aboutissants de cette nouvelle orientation stratégique.
Grâce à l’essor du e-commerce, le nombre de livraisons à domicile ne cesse de croître dans l’hexagone, et les attentes des clients sont de plus en plus exigeantes : livraison rapide, possibilité de click and collect et retour de colis simplifié. De plus, les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés à la protection de l’environnement, et souhaitent que les produits livrés aient le moins d’empreinte carbone possible.
Face à ces nouvelles demandes, les acteurs de la logistique doivent s’adapter, et les gros entrepôts en périphérie des villes ne sont plus suffisants pour répondre aux besoins des clients. Ils cherchent donc des solutions pour acheminer les commandes rapidement, et l'installation de dépôts en centre-ville semble être une solution idoine. Les acteurs de la chaîne logistique sont donc en quête de CDU (Centres de Distribution Urbaine) ou d’ELU (Entrepôts de Logistique Urbaine).
L’explosion du commerce en ligne est donc bénéfique pour les transporteurs. À l’inverse, beaucoup de commerces de proximité ont dû cesser leur activité, du fait du ralentissement de l’activité économique. Ces locaux commerciaux ne trouvent pas preneurs, et les acteurs du secteur de la logistique les regardent avec envie : c’est une solution pour le "dernier kilomètre", étape la plus coûteuse de la distribution (qui représente 20 % du prix total). Les agences immobilières se penchent alors sur ces nouvelles possibilités de débouchés pour les commerces des centres-villes.
Le changement de destination d’un local commercial en entrepôt est possible, mais est soumis à un permis de construire, dont la demande se fait en mairie. Ce dernier est accordé si "les travaux projetés sont conformes aux règles d'utilisation des sols, d'implantation, de destination, de nature, d'architecture, de dimensions, d'assainissement des constructions et d'aménagement de leurs abords". En outre, il sera accordé s’il respecte le PLU (Plan Local d’Urbanisme) en vigueur.
Bien évidemment, l’acheteur d’un commerce qui souhaite le transformer en entrepôt devra respecter les normes actuelles édictées par la DREAL (Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), à savoir :
- Les normes de sécurité : résistance du bâtiment au feu, protection anti-incendie, solidité du bâti...
- Les normes de construction.
- Les normes environnementales : pollution de l’eau et de l’air, mais aussi sonore, approvisionnement énergétique du bâtiment...
Depuis quelques années, l'intensification du trafic routier, et son impact sur l’environnement et la santé (émission de particules fines), sont de plus en plus mal supportés par les habitants des grandes villes. Les autorités ont donc pris des mesures afin de limiter la circulation dans les villes : vignette pollution, circulation alternée, zone sans trafic, réduction de la limitation de vitesse, création de pistes cyclables… Ces efforts portent leurs fruits, mais les autorités font face à un dilemme : comment limiter les camions effectuant des livraisons en centre-ville, tout en approvisionnant les résidents ?
Transformer un commerce en petit entrepôt est une solution, à la fois pour les collectivités et les acteurs de la chaîne logistique. En effet, l’entrepôt est alimenté par un seul camion, ce qui limite les allers-retours, puis les commandes sont distribuées de l’entrepôt vers le client final. Pour le transporteur, cela lui permet de livrer rapidement. Pour la ville, cette solution limite le nombre de camions dans le centre. Néanmoins, il est nécessaire que le "dernier kilomètre" soit "vert" pour qu’il soit accepté par les habitants et les résidents. Les livraisons à vélo semblent être une alternative gagnante : les clients sont livrés rapidement, et le vélo permet de désengorger le trafic (et de limiter la pollution inhérente).
Un entrepôt en centre-ville est également l’occasion d’augmenter le nombre d’emplois dans la commune. Outre les livreurs, l’entrepôt aura besoin de caristes, de préparateurs de commandes, de réceptionnistes, voire d’un guichet pour les retours client. De plus, c’est également, pour la municipalité, une solution pour éviter la vacance des bâtiments, pouvant entraîner des dégradations, ou des occupations illégales.
La transformation d’un commerce en petit entrepôt s’avère être une stratégie gagnante pour tous les protagonistes : les acteurs de la chaîne logistique, les municipalités et les riverains, à condition que chacun écoute et respecte les attentes et besoins des autres interlocuteurs. Pour une agence immobilière possédant des commerces vides dans son catalogue, c’est l’occasion de trouver une nouvelle utilité à un local commercial. Les CDU et les ELU sont très recherchés actuellement par la logistique, et les autorités se tournent de plus en plus vers cette solution.