Bien’ici Pro / Actus Pro / Petit tour d’Europe de la rénovation énergétique
À l’exception de la Suède qui fait aujourd’hui figure de modèle. En ce 8 décembre, journée mondiale contre le réchauffement climatique, Bien’ici vous propose un petit état des lieux de la rénovation énergétique en Europe.
En France, les bâtiments sont responsables de 18 % des émissions de CO2 et de 40 % de la consommation finale d’énergie. De mauvais résultats que le nombre de rénovations énergétiques annuelles, malgré les dispositifs d’aides, ne parvient pas à faire diminuer. Et pour cause : on compte actuellement entre 60 000 et 70 000 rénovations profondes de logements effectuées chaque année alors que les objectifs affichés par le ministère de la Transition Écologique sont de "370 000 rénovations très performantes par an dès 2022, puis 700 000 par an à plus long terme".
Aujourd’hui, les logements français sont parmi les plus énergivores d’Europe, avec une note moyenne des diagnostics de performance énergétique de E. Conséquence logique de ces logements mal isolés : la consommation de chauffage des logements français est au dessus de la moyenne européenne. Et pour ne rien arranger, les systèmes de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles sont encore majoritaires en France en dépit des politiques visant à développer les systèmes à énergies renouvelables comme, par exemple, les pompes à chaleur.
Si 2,8 millions de logements ont déjà été rénovés entre 2005 et 2017, le parc immobilier allemand est assez ancien et, d’un point de vue énergétique, peu efficace. Comme en France, le taux de rénovation outre-Rhin est bien en deçà des prévisions et stagne à 1 % par an depuis une quinzaine d'années. Et qui dit logements anciens, dit également systèmes de chauffage anciens, basés essentiellement sur les énergies fossiles. Difficile dans ces conditions d’atteindre les objectifs fixés par la chancellerie en 2010 à travers son programme de transition énergétique "Energiekonzept".
Afin d’accélérer la cadence, le gouvernement allemand a dévoilé en septembre un projet de loi destinée à protéger le climat. Il comprend notamment un crédit d'impôt efficacité énergétique pour les particuliers qui entreprendront des travaux de rénovation, une prime au remplacement des installations de chauffage ainsi que des subventions conditionnées à l'atteinte d'un niveau de performance.
En 2013, le gouvernement du Royaume-Uni avait mis en place le Green Deal, un mécanisme financier permettant aux foyers de financer la rénovation de leur logement. Deux ans plus tard, ce programme fut abandonné en raison d’un échec total. Aujourd’hui, sur un territoire où 30 % des logements ont une note de DPE allant de E à G, la stratégie repose principalement sur une obligation pour les fournisseurs d’énergie. Cela consiste à installer des mesures d’efficacité énergétique sur des logements pour ensuite donner des recommandations sur les travaux et améliorations à effectuer. Mais en l’absence d’une vraie politique de subventions, on assiste depuis quelques années à une baisse drastique des rénovations.
Afin d’y remédier, le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé en août dernier une subvention verte pour le logement avec une dotation de 2 milliards de livres (Green Homes Grants). L’objectif : lutter contre la précarité énergétique qui concernait 2,55 millions de foyers en 2018. Une partie de ces foyers étant dans le parc locatif, une réglementation a également été mise en place rendant obligatoire la rénovation de logement en location avec un DPE de F ou G.
C’est finalement du côté de la Suède, pays phare de l’écologie, qu’il faut se tourner pour trouver le bon élève européen. Depuis les années 60, le gouvernement suédois a mis en place une stratégie d’innovation et d’efficacité énergétique, en imposant notamment des normes d’isolation très exigeantes. Ensuite, à partir des années 70, la Suède a réalisé d’importants investissements dans les énergies primaires et renouvelables pour arriver aujourd’hui à des habitations où la production de chaleur et d’électricité est quasiment décarbonée. Résultat, en 2016, seulement 8,3 % de la production de chauffage provenaient d’énergies fossiles.
Malgré tout, la Suède a encore du pain sur la planche en matière de rénovation énergétique. Si 15 % des maisons individuelles et 5 % des immeubles d’habitations du pays sont BBC (bâtiment basse consommation), il reste beaucoup de travail pour étendre cette norme à l’ensemble du parc immobilier suédois. Pour y parvenir, le gouvernement a mis en place une fiscalité incitative, des subventions, des crédits d’impôts et des garanties de crédit. Il utilise également de nombreux outils d’informations pour accompagner les ménages dans leurs projets de rénovations.
À noter que pour optimiser et renforcer les démarches des états, la Commission Européenne a présenté début 2020 un "Pacte Vert" prônant une stratégie audacieuse pour la rénovation énergétique du parc immobilier de l’Union. Un parc immobilier qui représente plus de 40 % de la consommation d’énergie finale et émet 36 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union.