Bien’ici Pro / Actus Pro / Les professionnels de l’immobilier se mobilisent pour alerter le gouvernement
Les prix sont en baisse, la construction est à l’arrêt, la pression étouffe le marché locatif, tous les secteurs de l’immobilier sont touchés. La crise du logement qui frappe la France affecte à la fois la vente dans le neuf, dans l’ancien et la location.
Cette crise résulte de la hausse des coûts de construction, du durcissement des conditions d’octroi de prêt immobilier, de la baisse du pouvoir d’achat à cause de l’inflation, mais aussi des nouvelles réglementations énergétiques.
Le marché du neuf s'effondre
L’arrêt de la vente dans le neuf est sans doute l’élément déclencheur de la crise de l’immobilier. Après une baisse de près de 25 % en 2022, la situation a régressé en 2023 avec une chute de 34 % des réservations d’appartements neufs depuis janvier 2023.
Selon la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), c’est le taux le plus bas au cours de cette dernière décennie. Si l’on considère uniquement la réservation des particuliers, le recul enregistré est de -52 % en 2023.
Les acteurs du marché ont indiqué que cette situation découle de la flambée des prix des matériaux de construction à cause de la guerre en Ukraine qui a favorisé la hausse des prix de l’énergie. Le nombre d’autorisations de permis de construire délivrés par les municipalités a considérablement baissé et a contribué à réduire les ventes dans le neuf.
Le crédit immobilier devient difficilement accessible
La hausse considérable des taux d’intérêt a freiné l’engouement des investisseurs : 4,22 % en novembre, contre 4,12 % en octobre 2023 et 3,98 % en septembre 2023. Le durcissement des conditions d’octroi a également découragé ceux qui se sont quand même lancés. Heureusement, au cours du dernier trimestre de 2023, le crédit immobilier devient plus accessible, bien que les taux soient toujours élevés.
Le marché de la location est figé
Compte tenu des difficultés à acquérir un logement dans le neuf ou dans l’ancien, les Français n’ont que la location comme option de résidence. Malheureusement, le nombre de biens disponibles a diminué. Le nombre de demandes est beaucoup plus élevé que les offres publiées au niveau national.
Les passoires thermiques sont interdites à la location
Depuis le 1er janvier 2023, les logements qui consomment plus de 450 kWh/m² ne sont plus éligibles à la location. En 2025, cette interdiction s’étendra aux biens de classe G. Cependant, un grand nombre de propriétaires qui ne peuvent pas réaliser des travaux de rénovation ont décidé de vendre et saturent le marché des biens anciens.
Au mois de mai 2023, les 6 grands syndicats des professionnels de l’immobilier ont rédigé et publié une lettre ouverte adressée au président Emmanuel Macron.
Une mobilisation collégiale en mai 2023
La FPI, la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier), l’UNIS (Union des Syndicats de l’immobilier), la FFB (Fédération française du Bâtiment), les représentants du promoteur Procivis et du Pôle Habitat ont dénoncé l’absence de réaction au niveau du gouvernement face à une situation "cataclysmique".
Le président de la FNAIM a même parlé "d’un certain mépris" à l’égard des professionnels de l’immobilier. Outre l’intervention collective, ces acteurs de l’immobilier ont également agi à titre individuel.
Les propositions de la FNAIM dès juin 2023
Après avoir soulevé les problèmes majeurs qu’il faut traiter en urgence comme les difficultés d’accès au financement et l’insuffisance de logement, l’inefficacité de la politique du logement, la situation du marché locatif, etc., la FNAIM renouvelle ses propositions pour aider le gouvernement à prendre de meilleures décisions :
- Mettre en place d’un plan pluriannuel pour réaliser des travaux afin de remédier à l’indécence énergétique, en particulier dans les copropriétés ;
- Instaurer des règles plus souples pour inciter à la rénovation en copropriété ;
- Regagner la confiance des bailleurs et des acheteurs potentiels à travers une déduction fiscale sur les intérêts d’emprunt ;
- Accélérer la rénovation du parc de logements en travaillant avec les agents immobiliers ;
- Proposer la Vente en l’état future de rénovation énergétique ou vente d’immeuble à rénover pour les biens anciens.
La FNAIM renouvelle sa démarche en décembre 2023 avec un communiqué qui attire l’attention sur "l’abandon incompréhensible du Gouvernement". Malgré les mobilisations individuelles et collectives des acteurs de l’immobilier, leurs demandes ne semblent toujours pas entendues.
Les demandes de rendez-vous auprès des hauts responsables ont été soit reportées, soit laissées sans réponse. Pourtant la mise en place d’une politique de logement devient une urgence.
L'UNIS se prononce en septembre 2023
L’UNIS a déclaré qu’il faut des mesures qui concilient qualité de vie et performance énergétique des logements. Le droit de propriété, le droit d’accès au logement et le droit de préservation de l’environnement sont également des volets qu’il faut considérer.
Neuf organisations en Gironde dénoncent la crise du logement en octobre 2023
Le 4 octobre 2023, les promoteurs et les constructeurs girondins indiquent une baisse de 32 % du nombre de logements mis en chantier sur les 12 mois. Le nombre de permis de construire délivré a diminué de 14 %. Les réservations de logements neufs ont reculé de 38 %. Ces informations ont été énumérées afin d’alerter le gouvernement pour qu’il réagisse au plus vite.
Le 16 novembre 2023, la Première ministre Élisabeth Borne, avec le ministre délégué chargé du logement Patrice Vergriette, ont annoncé un plan pour accélérer la production de logements et pour faciliter l’accès à l’achat de biens immobiliers. La prolongation du Prêt à Taux Zéro jusqu’en 2027 et la construction de logements étudiants moins chers figurent parmi les mesures phares présentées.
Les acteurs du secteur immobilier n’ont pas retenu leurs critiques et ont exprimé leur scepticisme. Selon eux, ces mesures sont insuffisantes pour favoriser la relance de la construction. Les représentants des collectivités locales signalent que les procédures doivent être simplifiées et les communes doivent être plus impliquées pour que les objectifs fixés soient atteints.
Les associations de défense des locataires et des personnes mal logées ont demandé des mesures plus ambitieuses pour la construction de logements sociaux. Des experts et des économistes ont pointé du doigt les contraintes foncières et réglementaires qui devraient faire l’objet d’une révision.