Bien’ici Pro / Actus Pro / La FPI attend beaucoup du statut du bailleur privé pour relancer le marché immobilier neuf
Le marché immobilier français se remet difficilement d'un contexte international anxiogène et d'une incertitude politique nationale. Malgré un recul de l'inflation à 1 % en juillet 2025 et une baisse des taux de crédit immobilier (3,06 % en moyenne pour le neuf au T2 2025), la confiance des ménages reste fragile. La croissance du PIB, modeste (+0,3 % au T2 2025), ne suffit pas à relancer pleinement l'investissement des ménages. Bien que cet investissement montre un léger redressement (+0,4 %) après une forte baisse en 2024 (-5,6 %), il est insuffisant pour soutenir durablement le marché. La production de crédits immobiliers reste par ailleurs très loin de ses sommets, avec 12,9 milliards d'euros en juin 2025 contre plus de 22 milliards en mai 2022.
Selon Pascal Boulanger, le président de la FPI, "la crise du logement influence le pessimisme général des Français".
L'Observatoire de la FPI a rapporté un récent rebond des autorisations de logements au 2e trimestre 2025. Le volume total d'autorisations (incluant les résidences gérées) a atteint 99 000 unités, soit une augmentation de 24,4 % par rapport au 2e trimestre 2024. Le logement collectif, moteur de cette reprise, a vu ses autorisations augmenter de 31,1 %, s'établissant à 53 300 unités.
Cependant, les professionnels doivent considérer ce chiffre avec prudence. Ce rebond, bien que bienvenu, est jugé trop tardif et trop faible pour inverser la tendance de fond d'une insuffisance chronique de l'offre. Le volume trimestriel reste en effet très inférieur à la moyenne observée entre 2015 et 2018 (113 300 logements autorisés).
Ce graphique montre que la moyenne des autorisations mensuelles de logements collectifs depuis les dernières élections municipales (16 484) est nettement en-dessous de celle de la mandature précédente (19 335). Une reprise durable de l'offre demeure donc incertaine, d'autant plus que les divergences entre autorisations et mises en chantier persistent.
Le niveau des réservations de logements neufs est la principale source d'inquiétude pour la profession. Au 2e trimestre 2025, les réservations totales ont chuté de 16,6 % par rapport à la même période de l'année précédente, pour atteindre 21 917 unités. Ce recul est particulièrement marqué sur les ventes en bloc (-18,1 %) et les ventes au détail (-16,9 %). Sur le premier semestre 2025, la baisse globale s'établit à 10,3 %.
L'analyse des ventes au détail révèle un déséquilibre majeur : la disparition quasi totale des investisseurs particuliers. Suite à l'arrêt du dispositif Pinel, les ventes à cette catégorie d'acheteurs se sont effondrées de 52,2 % au T2 2025.
Ce graphique illustre la légère progression des ventes aux propriétaires occupants (+2,1 %) grâce à la baisse des taux et à l'élargissement du PTZ, qui ne compense en rien la perte des investisseurs. La FPI estime qu'il faudrait vendre 6,34 fois plus d'unités aux investisseurs particuliers pour retrouver les niveaux habituels.
Le taux de retrait d'opérations immobilières, bien qu'en recul, reste très élevé. Au 2e trimestre 2025, 16 % des logements mis en vente ont été retirés de la commercialisation en France. Parallèlement, la chute des mises en vente semble s'être enrayée, mais le volume d'offres nouvelles demeure à un niveau particulièrement bas.
Seulement 17 390 unités au T2 2025, bien en deçà de la moyenne trimestrielle de 26 241 unités observée entre 2019 et 2025.
Le délai d'écoulement de l'offre est élevé partout en France. A Rouen et à Orléans, il faut respectivement compter 35 mois et 48 mois entre une autorisation et une vente effective. Avec de tels délais, preuve d'une absence de demande, les promoteurs renoncent à mettre en œuvre de nouveaux projets.
En ce qui concerne les prix, la FPI confirme la tendance à la stabilisation. Le prix moyen des appartements neufs au détail se maintient au-dessus de 5 000 €/m² sur l'ensemble du territoire national, avec une moyenne de 5 189 €/m² au T2 2025. Cette situation s'explique par le fait que les prix sont principalement influencés par des facteurs techniques et réglementaires, et qu'en période de crise, la correction se fait avant tout sur les volumes et non sur les prix.
Les chiffres du T2 2025 soulignent la nécessité d'actions fortes pour relancer le secteur de l'immobilier neuf. Le marché est loin d'une véritable reprise et l'insuffisance de l'offre nouvelle devrait se poursuivre dans les mois à venir. La FPI insiste sur la nécessité de la création d'un statut du bailleur privé efficace et pérenne. Ce statut permettrait non seulement de compenser la chute des investisseurs particuliers, mais il serait également bénéfique pour les finances publiques.