Bien’ici Pro / Actus Pro / Investissement immobilier : les impacts du changement climatique
Les séjours en montagne connaissent une augmentation significative ces dernières années. En 2024, cette tendance s'est accentuée, en partie grâce à la diversification des activités estivales comme la randonnée, le vélo et les séjours bien-être. Les épisodes de canicule encouragent également les vacanciers à rechercher des destinations offrant des températures plus supportables.
Cette dynamique profite aux massifs comme les Alpes et les Pyrénées, qui attirent une clientèle variée, dont une part croissante d’internationaux. Les propriétés montagnardes, autrefois centrées sur les sports d’hiver, deviennent des refuges estivaux prisés, avec une demande accrue pour les chalets et appartements.
Malgré la montée en puissance des destinations montagnardes, le littoral reste largement dominant dans les intentions d’achat de résidences secondaires. Selon une étude de l’IFOP, 44 % des Français optent pour le bord de mer, contre seulement 13 % pour la montagne. Cependant, les risques associés au changement climatique, tels que les inondations et l’érosion côtière, commencent à peser sur la perception des acheteurs, particulièrement pour les biens situés en première ligne.
Le recul du trait de côte est une réalité déjà palpable. D’après le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), d’ici 2028, environ 630 immeubles ou maisons situés en front de mer seront concernés, pour une valeur estimée à 180 millions d’euros. À plus long terme, les projections sont encore plus alarmantes :
- En 2050, 5 200 logements, dont 2 000 résidences secondaires, seront menacés, pour un total de 1,1 milliard d’euros de valeur immobilière.
- En 2100, ce sont 450 000 logements qui pourraient être impactés, représentant une perte potentielle de 86 milliards d’euros.
Les départements les plus touchés incluent le Var, la Vendée, et la Corse, mais aussi des zones habituellement moins associées à ce risque, comme le Nord et la Seine-Maritime. Ces prévisions, basées sur les scénarios hauts du GIEC, soulèvent des questions sur la pérennité des investissements dans ces régions.
En plus de l’érosion, la montée des eaux due au réchauffement climatique augmente la fréquence et la gravité des inondations dans les zones littorales. Ces risques rendent les biens côtiers plus coûteux à assurer et peuvent entraîner une dévaluation importante de leur valeur. Pour certains investisseurs, ces éléments renforcent l’idée de diversifier leurs placements en dehors des régions littorales.
Les régions montagneuses offrent une résilience naturelle face aux aléas climatiques qui touchent le littoral. Pas de risque d’érosion, des températures plus agréables en été, et des paysages préservés font de ces zones une alternative intéressante pour les investisseurs. De plus, l’amélioration des infrastructures dans les stations de montagne facilite l’accès à ces destinations tout au long de l’année.
La demande pour des biens en montagne augmente, notamment pour des propriétés capables de répondre aux besoins d’une double saisonnalité : ski l’hiver et activités nature l’été. Cela représente une opportunité pour les investisseurs cherchant à maximiser la rentabilité locative. Cependant, cette hausse de la demande peut aussi entraîner une flambée des prix, notamment dans les régions les plus prisées.
En tant que professionnel de l'immobilier, vous avez un rôle crucial à jouer. Vous devez informer vos clients sur les risques climatiques liés à chaque bien et les sensibiliser aux mesures de prévention et d'adaptation. Vous devez connaître les normes de construction en vigueur, les solutions d'aménagement pour limiter les risques, et les différentes assurances disponibles pour se protéger des événements climatiques. En accompagnant vos clients dans leurs choix d'investissement, vous pouvez contribuer à un développement plus durable du secteur.
Le changement climatique ouvre également de nouvelles opportunités. La demande pour des biens « résilients », c'est-à-dire capables de résister aux aléas climatiques, est en forte croissance. Les maisons bioclimatiques, les bâtiments économes en énergie, les constructions intégrant des solutions d'adaptation aux risques naturels (inondations, sécheresses...) sont autant d'exemples de biens qui répondent à cette demande.
Vos atouts majeurs en tant que professionnel de l'immobilier : la connaissance du territoire et des projections climatiques. Il est important de pouvoir identifier les zones les moins exposées aux risques et de valoriser les biens qui s'y trouvent. Chaque région possède des atouts spécifiques qui peuvent être mis en avant en fonction des évolutions du climat.
Le changement climatique redessine les cartes de l’immobilier. Si le littoral reste une destination privilégiée, les risques d’érosion et d’inondation incitent à considérer des alternatives comme la montagne, où les opportunités de valorisation sont réelles. Pour les investisseurs, la clé réside dans une stratégie diversifiée et éclairée, prenant en compte non seulement les tendances actuelles, mais aussi les projections climatiques.
En anticipant ces changements, ils pourront sécuriser leurs placements tout en contribuant à un immobilier plus durable.